Le roman des SOUS
N’ayez crainte, je n’en ferai surtout pas un nouveau livre de 460
pages de ce « Le roman des SOUS ». De toute façon, des histoires comme celle-là,
il y en a des tonnes. Par contre, celle du SEL est bien plus originale. Par
certains côtés, le SEL c’est la poésie ; les SOUS, ce serait la médiocrité.
Bon !, où en sommes-nous ? Ah oui ! Après ces échanges de
courriers fastidieux, il s’est produit une chose qui se produit fréquemment dans
ce cas de figure : UN GRAND SILENCE !
Deux ans ! J’ai laissé courir deux ans ! Comme l’érosion qui sur
les montagnes transforme en vertes prairies les sommets les plus rocailleux, mon
adorable représentant des créanciers a imaginé que le temps m’avait
définitivement transformé en squelette dans les oubliettes. Et la valeur des
écrits alors ? A quoi cela sert d’écrire s’il faut tout oublier ? C’est
précisément cela la force de l’écriture sur la parole, elle laisse des traces.
Sournoisement, j’ai ressorti le dossier et relancé ce beau monde.
Il m’a répondu car c’est son boulot. Il m’écrit pour me raconter
qu’il a écrit à un autre qui va lui-même m’écrire…
Qu’est-ce qu’on utilise comme papier dans cette sinistre
comédie ! Les seuls papiers dont je ne vois pas la couleur ce sont les billets
de banque. Si j'avais utilisé des grains de SEL dès le départ avec la librairie
La Sorbonne, je suis certain que j'aurais été très vite créditeur dans les
échanges, ne serait-ce qu'eu égard à l'énergie astronomique qu'ils me font
dépenser.
Continuons… Voici les deux courriers en question :


Il y a un troisième larron que je ne connaissais pas qui vient se
glisser dans cette affaire. Plus on est de fous, plus on rit.
Et enfin, le représentant des créanciers reprend tout en main et
m’adresse ce monumental pensum :

J’ai 30 jours – pas un de plus – pour lui faire mes observations.
Par écrit, cela va de soi parce que c’est le genre d’individu qui se retranche
dans un château fort plus cadenassé que les sous-sols de la Banque de France.
Ça tombe bien mon vieux, j’ai quelques prédispositions pour
l’écriture. Tiens !, chope ça dans les gencives :
________________________________________________________________
François RATAJ
Nice, le 20 juin 2002
58 Corniche fleurie
Le Mirandole D
06200 Nice
Tél :
04 93 18 06 04
Recommandée avec A.R.
Maître Georges André PELLIER
Mandataire judiciaire près les Tribunaux du
Ressort de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence
3, rue de Massingy – 06046 Nice Cedex
Objet : DAMARIX, 37 rue Hôtel des Postes, 06000 Nice – A LA
SORBONNE
RJ du03/09/99
Vos réf. : CR//4504
Maître,
Allez va !, reprenons ce roman feuilleton. Vous avez
de la chance, je suis écrivain et suis donc habitué à voir défiler des chapitres
en faisant varier les scénarios. Tâchons aujourd’hui d’écrire le dernier
chapitre de cette histoire et de trouver une chute acceptable.
Tiens !, j’ai retrouvé un courrier du 03/02/00 que je
vous avais adressé (photo ci-jointe). J’espère que vous avez le sens de
l’humour. J’ai d’ailleurs raconté ces péripéties dans l’un de mes bouquins.
Peut-être l’aurez-vous un jour entre les mains (en attendant que je devienne
vraiment célèbre).
Pour le reste, bah !
Ma créance est de 233,68 euros comme l’attestent les
photocopies ci-jointes (elles ont la couleur d’un faire-part mais je ne l’ai pas
fait par hasard) de tous les bons de commande (ainsi que tous les courriers
envoyés et rata-envoyés que vous devez posséder et que je ne vais surtout pas
dupliquer). Je n’ai connu que « La Sorbonne ».
Toutes ces paperasses m’ennuient au possible…
Si vous me dites aujourd’hui que ma créance n’est
plus de 233 euros, ni 195, ni 150, ni 100 mais que pour une raison « x » et
grâce à un mécanisme « y », elle n’est plus que de 83,03 à prendre tout de suite
sinon dans trente jours l’occasion sera passée, JE PRENDS !, et on n’en parle
plus ! Merci d’effectuer le règlement sous quinze jours à compter de la
réception de cette lettre.
C’est grâce à des situations comme celle que nous
vivons vous et moi en ce moment que je suis devenu écrivain. Vous expliquerai un
jour…
Donc :
Mon cher Maître,
Suite à votre lettre recommandée du 7 juin 2002
(photo ci-jointe), je vous donne mon accord pour cette transaction.
Veuillez agréer, Maître, l’expression de mes
sentiments les plus respectueux.
François RATAJ
Pièces jointes :
-
Mon
courrier du 03/02/00 (1 feuille)
-
Photocopie des bons de commande (2 feuilles)
-
Votre LR
du 07/06/02 (1 feuille)
________________________________________________________________
J’ai l’impression d’être sur un marché arabe en train de négocier
des tapis mais tapis ! Non : « tant pis ! », pardon. Ils arrivent à
obtenir ce qu’ils souhaitent : ma lassitude. C’est effectivement la meilleure
technique pour envoyer paître tous ceux à qui vous devez de l’argent.
Avec le courrier qu’il a reçu de ma part, je me doute bien qu’il
a dû faire une vilaine grimace et se regarder dans la glace en rougissant.
Moi, j’ai voulu me payer ces faces de rats. Et j’ai payé
d’avance. La preuve, c’est qu’ils viennent de diviser par trois ce qu’on me
doit.
Le sieur Pellier, mandataire judiciaire de son état, ne m’a plus
jamais répondu… Aujourd’hui, le mercredi 5 février 2003, date à laquelle où je
rédige ce texte, j’ai entre les mains une autre lettre se rapportant à cette
désopilante affaire. La voilà :

Ben fais-moi un
chèque et qu’on n’en parle plus hé !, Père Dugland !
Je viens d’essayer de les joindre au téléphone et – bien entendu
– ça sonne dans le vide. A coup sûr il faut, soit se déplacer pour remplir un
imprimé, soit écrire poliment (à nouveau !) pour demander avec déférence
l’autorisation de pouvoir être réglé avant que je n’atteigne l’âge d’être
grabataire.
A moins que..., à moins que… Combien reste-t-il dans la balance ?
83, 06 euros ?
Qu’est-ce que et qui pourrais-je me payer pour cette modique
somme ? Voyons, voyons…
VOUS SAUREZ TOUT DANS LE PROCHAIN EPISODE DE :


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